Fenêtres. Voiles. Portes. Tombes. WC. Jardins. Lumières. Rayons. Paysages. Chambres. Zoning. Mur. Regards. Lit. Ciels. Nylon. Peaux. Plis. Silence. Couples. Enfants. Vitres. Béton. Rouille. Lin. Vent. Cut.
De quoi est-il fait, le mystérieux espace qu’il y a entre les mots, entre les images ? Qu’y a-t-il entre deux plans d’un film montés bout à bout ? Qu’y a-t-il entre une porte et le mur qui l’entoure ? Quel est ce lien, ce rien, cette force, ce silence ?
Damien Henry, architectes / Bouli Lanners, cinéaste. La mise en écho de leurs notes, de leurs partitions, fait résonner ici ces questions. L’un et l’autre prélèvent, puis opèrent sur de petits morceaux de réalité repris sur le continuum de la vie, la vie courante, celle que, sans leurs subtiles découpes, on ne verrait plus, tassée dans l’indifférence et la saturation du monde.
Entrer dans ce livre, c’est reprendre les choses par les petits cailloux merveilleux que ces deux-là nous laissent sur le chemin, le jeu infini des échos qu’ils dessinent entre eux, les rapports énigmatiques qu’ils entretiennent dans l’ombre du hors-champ. Sans une part d’ombre, il n’y a pas de vie possible, mes amis. On ne peut tout expliquer, ni tout éclairer. Et particulièrement ceci : c’est entre la présence et l’absence que vibre la poésie. Par ici, je vous prie.
Stefan Liberski